Page publiée en 1997 par le site des Dernières Nouvelles D'Alsace

Epatant Pantani


De notre envoyée spéciale à Morzine
 L'Italien Marco Pantani a remporté son deuxième succès dans la difficile étape vers Morzine et repris la troisième place du classement général à Bjarne Riis. Jan Ullrich a passé sans encombres ce nouveau test dans les Alpes.
 Il parle de plus en plus. Et il faut croire qu'il y prend goût. L'Allemand Jan Ullrich découvre de jours en jours les multiples facettes de son nouveau rôle. Le porteur du maillot jaune accepte avec un sourire entendu toutes les sollicitations dont il fait l'objet depuis une semaine. « C'est un peu stressant à la longue, mais c'est normal, nous sommes sur le Tour, estime-t-il. Je suis vraiment heureux d'avoir pu passer ces Alpes sans perdre de temps. Toute l'équipe a beaucoup travaillé, elle est de plus en plus professionnelle. Et Bjarne Riis m'aide énormément. Je lui en suis reconnaissant. »
 
 

La maîtrise de Telekom

 Le jeune Allemand peut effectivement souffler, avant la lente descente des Alpes, aujourd'hui, vers Fribourg. La difficile étape d'hier, avec en point d'orgue cette montée de Joux Plane, méconnue, mais redoutable, a été parfaitement maîtrisé par une formation Telekom au somment de son art. Après une tentative en solitaire de Jalabert (Once), puis une échappée de Peron (La Française des Jeux) et de Livingstone (Cofidis), tout rentra dans l'ordre pour laisser le champ libre aux ténors de ce Tour. Il est vrai que l'équipe Festina se dépensa sans compter pour annuler toutes les offensives. Elle rêvait sans doute d'une nouvelle victoire d'étape...

 L'équipe Telekom prit la course en main dans le col de Joux Plane. Udo Bölts, le vainqueur du Critérium du Dauphiné (...et de Colmar - Strasbourg) imprima un train d'enfer à un peloton de plus en plus étiré. Et il ne passa aucun relais, si bien que dix coureurs seulement (Ullrich, Riis, Virenque, Casagrande, Escartin, Pantani, Zberg, Jimenez, Julich et Roux) résistèrent à cette accélération.
 
 

Un diable dans sa boite

 Marco Pantani sortit alors du peloton comme un diable de sa boite. C'était bien joué pour un coureur au bord de l'abandon, la veille, en raison d'une trachéite... L'Italien laissa Virenque et Ullrich sur place. Il ne se retourna plus et son avance de 55 secondes au sommet du col lui permit d'envisager une descente sans risques. Virenque et Ullrich, décidément inséparables dans les Alpes, effectuaient la poursuite, Riis, en difficulté, et Escartin se retrouvaient à 1'30''.

 Même si Ullrich se fit peur dans la plongée vers Morzine, il garda le sillage de Virenque. Marco Pantani empocha à Morzine sa deuxième victoire dans le Tour. Et reprit, au passage, la troisième place du classement, chipée l'espace d'une journée par Bjarne Riis, pointé hier à plus de deux minutes.

 « Mon objectif était plus de gagner l'étape que de creuser l'écart avec Riis, souligna l'Italien chauve. C'était important pour moi. Cela confirme que mes jambes vont bien, même si j'avais du mal à respirer. Ce dernier col correspondait à mes capacités et je l'ai fait à fond. »

 Aujourd'hui, le Tour fait escale en Suisse, avant l'arrivée tant attendue en Alsace. Et Ullrich n'a plus que cinq nuits à dormir jusqu'à Paris...


Christine Lapp

© Dernières Nouvelles D'Alsace, Mardi 22 Juillet 1997.