Epatant Pantani
De notre envoyée spéciale à Morzine
L'Italien Marco Pantani a remporté son deuxième
succès dans la difficile étape vers Morzine et repris la
troisième place du classement général à Bjarne
Riis. Jan Ullrich a passé sans encombres ce nouveau test dans les
Alpes.
Il parle de plus en plus. Et il faut croire qu'il y prend goût.
L'Allemand Jan Ullrich découvre de jours en jours les multiples
facettes de son nouveau rôle. Le porteur du maillot jaune accepte
avec un sourire entendu toutes les sollicitations dont il fait l'objet
depuis une semaine. « C'est un peu stressant à la longue,
mais c'est normal, nous sommes sur le Tour, estime-t-il. Je suis vraiment
heureux d'avoir pu passer ces Alpes sans perdre de temps. Toute l'équipe
a beaucoup travaillé, elle est de plus en plus professionnelle.
Et Bjarne Riis m'aide énormément. Je lui en suis reconnaissant.
»
La maîtrise de Telekom
Le jeune Allemand peut effectivement souffler, avant la lente descente
des Alpes, aujourd'hui, vers Fribourg. La difficile étape d'hier,
avec en point d'orgue cette montée de Joux Plane, méconnue,
mais redoutable, a été parfaitement maîtrisé
par une formation Telekom au somment de son art. Après une tentative
en solitaire de Jalabert (Once), puis une échappée de Peron
(La Française des Jeux) et de Livingstone (Cofidis), tout rentra
dans l'ordre pour laisser le champ libre aux ténors de ce Tour.
Il est vrai que l'équipe Festina se dépensa sans compter
pour annuler toutes les offensives. Elle rêvait sans doute d'une
nouvelle victoire d'étape...
L'équipe Telekom prit la course en main dans le col de
Joux Plane. Udo Bölts, le vainqueur du Critérium du Dauphiné
(...et de Colmar - Strasbourg) imprima un train d'enfer à un peloton
de plus en plus étiré. Et il ne passa aucun relais, si bien
que dix coureurs seulement (Ullrich, Riis, Virenque, Casagrande, Escartin,
Pantani, Zberg, Jimenez, Julich et Roux) résistèrent à
cette accélération.
Un diable dans sa boite
Marco Pantani sortit alors du peloton comme un diable de sa boite.
C'était bien joué pour un coureur au bord de l'abandon, la
veille, en raison d'une trachéite... L'Italien laissa Virenque et
Ullrich sur place. Il ne se retourna plus et son avance de 55 secondes
au sommet du col lui permit d'envisager une descente sans risques. Virenque
et Ullrich, décidément inséparables dans les Alpes,
effectuaient la poursuite, Riis, en difficulté, et Escartin se retrouvaient
à 1'30''.
Même si Ullrich se fit peur dans la plongée vers
Morzine, il garda le sillage de Virenque. Marco Pantani empocha à
Morzine sa deuxième victoire dans le Tour. Et reprit, au passage,
la troisième place du classement, chipée l'espace d'une journée
par Bjarne Riis, pointé hier à plus de deux minutes.
« Mon objectif était plus de gagner l'étape
que de creuser l'écart avec Riis, souligna l'Italien chauve. C'était
important pour moi. Cela confirme que mes jambes vont bien, même
si j'avais du mal à respirer. Ce dernier col correspondait à
mes capacités et je l'ai fait à fond. »
Aujourd'hui, le Tour fait escale en Suisse, avant l'arrivée
tant attendue en Alsace. Et Ullrich n'a plus que cinq nuits à dormir
jusqu'à Paris...
Christine Lapp
© Dernières Nouvelles D'Alsace, Mardi 22 Juillet
1997. |